Cape Town

Compte rendu: Namibie 2010. Un dernier Chimay Belge au resto
Un dernier Chimay Belge au resto 'Den Anker'
L’objectif: relier par les pistes la ville du Cap (Kaapstad) à la frontière angolaise en traversant la Namibie, et retour. Caro sur une KTM 640 Adventure et moi sur une 990 Adventure. Nous estimons que cette expédition de près de 4.000 kilomètres à vol d’oiseau nous prendra un bon mois. Notre première mission, ici au Cap, est de veiller à pouvoir poser nos fesses sur nos bécanes! Bien qu’expédiées largement à l’avance par bateau dans un conteneur, nos motos arrivent avec deux jours de retard. This is Africa, you know: tout est relax. Nous relativisons l’incident et, au lieu de taper sur les nerfs de tout le monde, nous profitons des températures estivales, en plein cœur de l’hiver dans l’hémisphère Sud, pour flâner dans la ville du Cap et nous payer une terrasse typiquement belgo-africaine: une Chimay Bleue avec vue sur la Tafelberg (Montagne de la Table). Bref, nous prenons du bon temps avant de nous lancer dans notre grande aventure…

Le lendemain, nous pouvons récupérer nos motos. Nous passons la douane et accomplissons les autres formalités le matin, puis nous remontons les motos et nous occupons des derniers préparatifs. Un petit saut chez KTM Cape Town pour une nouvelle chaîne. Le lendemain, au petit matin, nous louvoyons dans Le Cap. Ce n’est qu’après être sortis de la ville, et avoir avalé notre premier petit déjeuner basique au bord de la route, que nous avons enfin l’impression que l’aventure a vraiment commencé. Nos cerveaux passent en mode voyage… Le pied!

Une petite dizaine de degrées?

Nous sommes venus pour voir la Namibie et ne voulons dès lors pas passer trop de temps en Afrique du Sud. C’est la raison pour laquelle nous parcourons les premières centaines de kilomètres sur route. Après être passé devant plusieurs pistes extrêmement tentantes, je ne peux résister à Bitterfontein à la tentation d’emprunter une voie un peu plus rustique – c’est-à-dire moins asphaltée – en direction de la frontière namibienne. Il est déjà plus de 16h, et nous avons encore à parcourir près de 150km sur une piste facile. D’après mes premières «estimations», il est largement possible de le faire avant la tombée de la nuit, de façon à pouvoir dormir dans les environs de la frontière. Ce dont je n’avais absolument pas tenu compte, c’est que la nuit tombe ici à 18h et qu’il y fait noir en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire! C’est quand même l’hiver ici, et les températures estivales en milieu de journée ainsi que le soleil africain m’ont fait perdre mon bon sens. Ce à quoi il faut ajouter que Caro doit encore s’habituer à la piste. Il y a ici et là des tronçons moins stables et le balancement de la moto aux vitesses plus élevées la fait paniquer. 60 km/h, ce n’est pas vraiment ce que j’avais prévu, mais je dois dire qu’elle se débrouille très bien malgré sa petite année de pratique de la moto.

Nous atterrissons quelque part au milieu de la piste, mais pas de problème: il y a suffisamment de points sur la carte, si bien qu’avant la tombée de la nuit nous pourrons nous mettre en quête d’un gîte. Le hic: il n’y a rien de rien à l’horizon. Nous ne nous sommes quand même pas fourvoyés à ce point? Non pas que nous nous attendions à voir une galerie commerçante dans le coin, mais quand même… Nous n’apercevons pas la moindre habitation… Ou presque, il y a là-bas une barrière pourrie donnant sur une allée. Je me mets à rêver d’un délicieux bol de soupe avec de grosses tranches de pain frais servies par une mama africaine. Hélas… Quand nous arrivons finalement à la maison, il semble qu’elle soit complètement abandonnée. C’est pourtant une grosse villa, mais il n’y a pas âme qui vive. J’apprendrai plus tard que c’est le cas de tous les points sur la carte… Ce coin est complètement désert!

Compte rendu: Namibie 2010. Un matin gelant - Motomorgana, nomads riding around the world on a motorbike adventure.
Un matin gelant
Nous prenons rapidement la décision de dresser la tente et de passer la nuit sur place. Nous nous payons chacun une barre de chocolat comme ration de secours et nous fermons les yeux. Bien agréable, notre petit nid sous la tente, pourtant après une petite heure je décide d’enfiler mes sous-vêtements thermiques. C’est plutôt exceptionnel en ce qui me concerne, car au lit je suis généralement «chaud». Caro se love contre moi et me demande si j’ai une idée de la température qu’il fait. Une dizaine de degrés, peut-être, certainement pas plus. Nous fermerons à peine l’œil de la nuit à cause du froid et grande est ma surprise quand, au petit matin, j’ouvre la tente en grelottant: tout est blanc de gel. Les 30° ont bien vite baissé. Mon thermomètre indique -5° et nous éprouvons les plus grandes difficultés à rassembler nos affaires et à démonter la tente. Encore en sous-vêtements, nous démarrons les motos tout en nous chauffant à l’échappement et en nous agitant tant nous sommes transis de froid. Un peu plus tard, un sympathique berger vient de l’autre côté de la colline à notre rencontre. Il ne peut s’empêcher de rire en nous voyant nous agiter de la sorte. C’est sûr que le spectacle que nous offrons doit être amusant. Il nous propose du café chaud et la chaleur de son feu de camp, ce que nous nous empressons d’accepter. Un peu plus tard, nous prenons congé de lui et mettons le cap sur la frontière namibienne. Voilà, nous avons vécu notre premier emergency camping.

Caro se débrouille de mieux en mieux sur la piste. Nous atteignons des vitesses tout à fait honorables de 80, et même par la suite de 100 km/h sur les très bonnes pistes namibiennes. De temps en temps, j’ai besoin de mes petites poussées d’adrénaline et Caro le sait. J’essore alors la poignée des gaz et je file dans le paysage. Nous nous retrouvons un peu plus loin et nous reprenons la route ensemble. Tout se passe pour le mieux et nous profitons de la vue sur l’imposant Fishriver Canyon pour ensuite filer vers le site enchanteur de Sossusvlei avec ses formidables dunes de sable. Nous passons généralement la nuit sous tente dans un des nombreux sites de camping très calmes au beau milieu de la nature namibienne. Ici et là, nous apercevons en chemin une autruche, un babouin, ce qui ressemble de loin à une panthère et plein de springboks et de petits animaux sauvages.

Look at me! Euh, tout comptes faits non…

Compte rendu: Namibie 2010. Doodvlei - Motomorgana, nomads riding around the world on a motorbike adventure.
Doodvlei
Les 60 derniers kilomètres jusque Sossusvlei sont asphaltés, ce qui n’enlève rien à la beauté du paysage. Les dunes énormes sont impressionnantes. Les derniers kilomètres consistent toutefois en du sable mou dans lequel on s’enfonce. Un panneau de grande taille nous indique que seuls les véhicules 4×4 sont autorisés à passer. Le gardien du parking me retient et me dit que je dois louer une place dans la navette pour les touristes. Ca alors, elle est bien bonne! Je lui fais comprendre que j’en ai vu d’autres et il est prêt à me laisser emprunter la piste sablonneuse si je lui prouve que je peux parcourir une centaine de mètres sans tomber. Il ricane et s’attend manifestement à ce que je me gamelle de belle façon. Déterminé, je parcours un bon 200 mètres dans le sable mou et je dois bien dire que ce n’est pas du tout évident avec les traces profondes laissées par les véhicules tout-terrain, enfin j’y suis arrivé, na! Mais il a donné sa parole et c’est à contre-cœur – car il s’attendait manifestement à une autre issue – qu’il m’autorise à poursuivre en deux-roues. Caro, quant à elle, prend place dans la jeep. Je lance encore un regard assuré derrière moi avant que la 990 ne progresse dans le sable comme dans du beurre. Ou presque… On aurait dit que le diable s’en était mêlé, après une cinquantaine de mètres à peine j’aboutis dans un profond sillon et les conséquences ne se font pas attendre. Devant un public enthousiaste et attentif, j’atterris de façon grandiose sur le nez, et avec tout mon ego. Hilarité générale, et je peux m’estimer chanceux de pouvoir cacher mon visage rouge comme une pivoine sous mon casque. Il m’aura fallu au maximum une demi-seconde pour redresser ma moto avec bagages et continuer ma route, mais le mal était fait. Je ne suis plus tombé par la suite, si ce n’est de mon piédestal…

Toujours plus au Nord

Nous poursuivons notre voyage vers le Nord et, pour l’instant, l’asphalte a totalement disparu du paysage. Le confort est inversement proportionnel à la beauté environnante, mais les prix baissent à l’avenant. Autour du Spitzkoppe, un groupe de rochers pointus qui se détachent magnifiquement sur le ciel bleu vif, je propose à Caro un petit tronçon de hors piste un peu plus corsé et, bien qu’elle soit éreintée à la fin de la journée, sa maîtrise de la conduite à moto progresse à vitesse grand V.