Mount Laki

Le lendemain, le vent souffle en direction de Landmannalaugar. Une bonne météo, de belles pistes à travers un paysage volcanique impressionnant. Plus nous approchons de Landmannalaugar, plus nous croisons de gens. Lors de la toute dernière traversée de rivière, nous sommes encouragés par un groupe de touristes, caméra au poing. Nous comprenons rapidement que Landmannalaugar, à cause de l’interruption de la route périphérique à Vik, a été transformé en grand cirque touristique. Des hordes de 4×4 rivalisent avec les indispensables bus et il y plus de tentes que ma
faculté de calcul à court terme ne peut en supporter. Nous sommes les seuls motards dans le coin et, un peu déçus, nous commandons un chocolat chaud avant de repartir.

La route que nous choisissons en direction du périphérique nous amène le long de champs de lave kilométriques. Après un exquis «roadside fish dish» et l’indispensable arrêt pour faire le plein d’essence, nous optons à nouveau pour les pistes en direction de l’intérieur du pays. Entre Mount Laki et l’impressionnante série de volcans de Lakagigar, nous devons à plusieurs reprises passer une (petite) rivière à gué. J’arrive à chaque fois à passer debout, mais Caro a de temps à autre besoin d’encouragements, ce qui est inévitablement lié à des pieds mouillés. Il est déjà près de 22h et nous sommes tous les deux passablement crevés quand nous trouvons une cabane agréable. Cela fait des jours que nous n’avons plus vu de douche et je n’en peux plus. Je n’ai pas envie de dépendre du jet poussif du petit robinet de la cabane. Un ruisseau de montagne froid est la seule alternative. Je peux vous assurer que l’eau glacée ne renforce en aucun cas votre image masculine, même si les touristes allemands en 4×4 sur l’autre rive ont dû avoir leur spectacle du jour!

Compte rendu: Islande 2011. Lakagigar - Motomorgana, nomads riding around the world on a motorbike adventure.
Lakagigar
Lakagigar est impressionnant. L’ascension vers le sommet du Mount Laki offre une vue fantastique sur la série de volcans. Cela en vaut vraiment la peine, d’autant plus que ça ne grouille pas de touristes ici. Les nombreuses traversées de rivière et les pistes sinueuses découragent apparemment les 4×4 de location. Nous, par contre, nous nous sentons de plus en plus dans notre élément, et tant pis pour les pieds mouillés!

Noyé, mais de bonne humeur

Caro a besoin de repos supplémentaire. Je décide dès lors de partir tôt le lendemain matin pour un tour de plus dans les champs de lave, malgré l’avertissement des Rangers: la traversée de la large rivière ne serait pas possible à moto. Bah, la seule chose qui puisse m’arriver c’est de devoir faire demitour à mi-chemin. Du moins c’est ce que je pense… Quand je suis devant la rivière en question, elle ne m’a pas l’air si sauvage. Près de 75 m de large, ça oui, mais au premier regard tout à fait faisable. Je décide de m’y aventurer, mais après une dizaine de mètres, je dois sortir tout ce que j’ai dans le ventre pour éviter les gros rochers qui affleurent çà et là. Tout va bien jusqu’à ce qu’à la moitié de la rivière, je me rende compte que j’ai complètement dévié de ma trajectoire. Cette courte distraction, quitter une poignée de secondes les obstacles du regard, suffit pour toucher une énorme pierre. L’instant d’après, je fais un plongeon dans l’eau, la tête la première et en buvant une bonne tasse d’«Iceland Finest». Je me redresse tout aussi vite et hisse à toute allure la KTM hors de l’eau. Heureusement, mes valises ont sauvé de justesse mon moteur de la noyade, si bien que je prends avec philosophie mes vêtements complètement mouillés. Je m’attendais à jurer, mais à ma grande surprise, je constate que je dois rire de ma propre stupidité. Me voilà dans une bien belle situation… Bon, ce ne sera pas mon dernier coup de ce voyage. Avec le soleil dans les yeux, je lance ma monture
mors aux dents en direction de Caro.

Plaisir idiot

Compte rendu: Islande 2011. Jökulsarlon - Motomorgana, nomads riding around the world on a motorbike adventure.
Jökulsarlon
Le lendemain, nous décidons d’y aller mollo et de suivre la route périphérique vers l’est. Nous pétaradons tranquillement sans devoir trop nous soucier de la navigation. A hauteur de Jökulsarlon, la célèbre mer de glace au pied du glacier Vatnajökull, nous retombons sur la piste. Le panorama qui s’offre à moi – étendue pierreuse sur le fond d’un lac sec – est d’une séduction irrésistible pour encore explorer mes possibilités et celles de la 990. Caro décide sagement de laisser sa moto et m’accorde mon petit plaisir idiot avant de monter notre tente au bord de la mer de glace. Des températures proches de zéro, un arrière-plan de gigantesques blocs de glace en train de s’effriter et qui rompent le silence absolu, compter les étoiles dans un ciel transparent jusqu’à 1h du matin. L’homme n’en devient que plus petit…

A l’heure du midi, après une tasse de café, un petit bol de céréales et encore un peu de déconnades off-road, nous poursuivons vers l’est sur l’asphalte. La magnifique vallée de la rivière Oxi nous amène de nouveau dans l’intérieur du pays. Nous nous régalons, enveloppés dans un épais fleece, d’une petite casserole d’outdoor-cooking au camping, avec la neige en arrière-plan. Le lendemain, nous poursuivons notre route jusqu’à la chute de Hengifoss, au bas de laquelle nous laissons les motos. Une solide ascension nous mène au bord de la majestueuse chute d’eau. Si les bottes de moto ne sont pas les chaussures idéales pour affronter les petits sentiers boueux, nos efforts seront largement récompensés.