Retour vers le nord

Par de petites routes, nous gagnons Yazd, encore une ville dans le désert, étouffante mais sympathique. Il y règne une agitation chaleureuse. Notre logement est une fois de plus un hôtel traditionnel iranien. Mais à l’entrée de la ville, je constate que les bagages de Caro se balancent de façon un peu bizarre. Le porte-bagages a rendu l’âme. Heureusement, je parviens à expliquer avec beaucoup de gestes à quelques hommes en rue ce qui est arrivé. Très vite, je suis embarqué dans la voiture d’un homme aimable qui me dépose chez un soudeur. Vingt minutes plus tard, après avoir déboursé 3 euro, nous rentrons avec un porte-bagages bien ressoudé. Secouer quelques mains, sourire aimablement, s’asseoir un moment sur la moto de Caro… Les voyages en Iran, de la bonhomie partout. Nous assistons encore à un grand événement sportif traditionnel local, au cours duquel des types habillés de tenues comiques brandissent des quilles énormes et dansent en rond. Puis, nous goûtons la cocotte de viande de chameau et nous couchons assez tôt. Demain sera une longue journée!

Compte rendu: Iran 2013. Route of the Assassins - Motomorgana, nomads riding around the world on a motorbike adventure.
Route of the Assassins
Une très, très longue journée. Nous avons apparemment mal évalué la distance et le vent latéral qui nous fouette nous joue des tours. Les motos se penchent en un angle de 60 degrés et pour la première fois, le vent est froid. Des poids lourds ralentissent sans arrêt la circulation et il est déjà assez tard lorsque nous arrivons enfin dans la ville de Qazvin, au Nord. De plus, l’inévitable photo de l’enfant sur une moto prend plus de temps que prévu, de telle sorte que nous ne trouvons plus que des restaurants fermés et déserts. Après avoir avalé un plat de nourriture d’hôtel desséchée et fait disparaître de nos draps de lit un cheveu ou poil bouclé d’apparence bizarre, nous nous endormons et profitons d’un repos mérité mais agité. En effet, demain, nous abordons la route des assassins. C’est une route de plus de 100 kilomètres, parsemée de virages en épingle à cheveux. Le couteau entre les dents, nous fonçons à travers le paysage féérique et après une ascension vers le château Alamut, nous sommes récompensés par une vue qui nous fait bien vite oublier les poils dégoûtants de la veille.

La pluie et le caviar

Nous décidons de rouler jusqu’à la ville de Rasht au bord de la mer Caspienne. Qu’est-ce qu’une mer ? Le dernier plongeon semble remonter à des mois. Rasht donc … Nous avons lu quelque part que les habitants de Téhéran s’y rendent tous pour les vacances et donc nous nous attendons à de grandes choses. Le Knokke de la mer Caspienne et de son caviar, quelque chose comme ça. Nous nous imaginons la bourgeoisie locale en mangeant quelques pots. J’enfilerai un caleçon propre, c’est sûr … Mais lorsque nous voyons apparaître les nuages d’orage au-dessus des montagnes, nous envisageons le pire. Les premières gouttes s’écrasent sur nos visières, tandis que de nombreuses voitures nous croisent en sens inverse. Avec les phares allumés. Ce qui n’arrive jamais, même la nuit. Un peu plus tard, il pleut à verse et lorsque nous arrivons détrempés à la réception de l’hôtel qui s’avère le plus élégant de la ville, le réceptionniste nous accueille avec un large sourire et la remarque suivante: « Ah, mister. In Rasht aaalways rain ». En fait, les Iraniens du pays tout entier viennent ici pour des vacances pluvieuses! Les voitures roulent ici toutes fenêtres ouvertes, les passagers tendent leur bras à l’extérieur et crient comme des enfants. ‘Et le caviar, monsieur, il doit être bon marché ici ?’ ‘Le caviar est illégal ici, monsieur. Les Iraniens ne peuvent en consommer. Il est exclusivement destiné à l’exportation’. Quelle tuile, nous sommes vus. Au lieu de caviar, nous grignotons une pita en rue, fatigués et trempés, mais résignés. Oui, les voyages connaissent des hauts et des bas.

Nous parcourons les 200 kilomètres suivants avec angoisse, sous une pluie abondante et ininterrompue. Les pneus à crampons sont parfaitement adaptés aux routes sèches, mais par ce temps, je préfère ne pas tester les limtes de leur adhérence. Comble de malheur: Caro perd sa pédale d’accélérateur et nous errons comme deux chiens mouillés sur la route pour la retrouver. La replacer sous une pluie battante, voilà encore une nouvelle expérience. Plus nous nous éloignons de la mer, plus le ciel s’éclaire, nous retrouvons le soleil et petit à petit ma veste en Gore-Tex me semble un sachet vapeur.

Güle Güle

Compte rendu: Iran 2013. Armenia - Motomorgana, nomads riding around the world on a motorbike adventure.
Armenia
Avec quelques heures de retard à cause de la pluie, nous nous faisons un arrêt inattendu à Ahar. Ici, un maffioso détient le monopole des hôtels de la ville et un homme sournois, peu sympathique, d’une soixantaine d’années nous propose une chambre sale pour un prix encore plus dégoûtant. Ils existent donc ici aussi, les arnaqueurs ! Mais la jovialité avec laquelle nous sommes accueillis au restaurant et la gentillesse des autres personnes présentes nous font bien vite oublier cette déception. Merveilleux de passer ainsi la dernière soirée de notre séjour en terre iranienne.

La dernière très belle étape en lacets dans les montagnes nous mène à la frontière de l’Arménie. Nous quittons ce pays méprisé mais ô combien merveilleux. Au revoir, l’Iran ! Güle güle.

Et maintenant, une bonne chope!